• Lecture par la Cie Asphodèle du texte d’Arezki Mellal : Marcelle, Denise, un printemps à Limoges.
• Projection du film de Djamila Sahraoui : La moitié du ciel d’Allah.
• Débat avec Nadia Chaabane, initiatrice de l’Appel des femmes tunisiennes du 23 janvier 2011, Sdiga Dauger, représentante du gouvernement sahraoui en exil, Fadéla M’Rabet, écrivaine algérienne.
Dernière minute
Nadia Chaabane, élue à l’Assemblée Nationale Constituante Tunisienne lors des élections du 23 octobre, sera remplacée par Faiza Tellissi et Sdiga Dauger sera accompagnée par Jadija Hamdi, Ministre de la Culture de la République Arabe Sahraouie Démocratique.
Arezki Mellal
Arezki Mellal vit à Alger, où il est né en 1949. Graphiste, maquettiste, éditeur de livres d’art, scénariste de BD, il a toujours évolué dans l’univers du trait et de la lettre, jusqu’aux années 1990, quand, au lendemain de la suspension du processus électoral, l’Algérie plonge dans la "décennie rouge". Arezki Mellal choisit alors de se consacrer à l’écriture : J’aurais pu ne jamais écrire. Non, j’ai toujours écrit, mais sans publier, et j’aurais pu ne jamais publier... je crois que c’est la situation, il a fallu qu’on en arrive là pour me décider, non seulement à éditer mais à écrire plus que ce que j’écrivais. C’est terrible que la littérature demande parfois je ne sais quelle plongée dans l’horreur, dans l’indicible.
Son premier roman, Maintenant, ils peuvent venir paraît en Algérie aux éditions Barzakh en 2000 et en France deux ans plus tard, chez Actes Sud.
Le président : Veuillez décliner vos nom, prénom, âge et qualité. Levez la main droite et dites « je le jure ».
– Arezki Mellal, écrivain, né en août 1949 à Alger, il faisait très chaud, depuis je rêve d’aller au pôle Nord, je le jure.
Le président : Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
– Oui, votre honneur, parce que j’ai dit des choses.
Le président : Tout le monde dit des choses, vous, vous les écrivez, pourquoi ?
– Votre grâce, je crois aussi que tout le monde écrit.
Le président : Tout le monde écrit mais vous, vous rendez public, vous publiez, pourquoi ? Qui, que, quoi, dont, où, lequel ?
– Votre seigneurie, je crois que c’est à cause d’un démon.
Le président : Vous me racontez des histoires. Le démon de l’écriture ?
– De l’écriture ? pas seulement, sérénissime.
Le président : « Pas seulement », vous aggravez votre cas. Il s’appelle comment le démon ?
– « Ouvrir sa gueule », il s’appelle « Ouvrir sa gueule ».
Djamila Sahraoui
Djamila Sahraoui est née en Algérie en 1950. Après ses études de lettres à Alger, elle a obtenu le diplôme de l’IDHEC, section réalisation et montage. Elle a été par ailleurs lauréate de la Villa Médicis Hors les Murs.
Elle a réalisé plusieurs documentaires récompensés dans divers festivals et en 2006, son premier long métrage de fiction, « Barakat ! », lui vaut tous les honneurs, en particulier 3 prix au FESPACO 2007 (Festival panafricain, Burkina Faso).
La moitié du ciel d’Allah
de Djamila Sahraoui
France/Algérie 1999 Documentaire 55mn
Depuis toujours, être femme en Algérie se vit dans la douleur et l’espoir, entre le dehors et le dedans.
Dedans : les murs, le voile, la soumission, la mort...
Dehors : la révolte, la liberté, le travail ou encore l’exil.
Construit de l’espoir et de la mémoire de ces femmes algériennes, c’est un film qui retrace l’histoire d’une « moitié du ciel » contrainte par l’Histoire et les hommes à faire de sa vie un combat pour être tout simplement.
Malgré les risques -parce qu’il FAUT courir ces risques ! - les femmes ont accepté de parler devant ma caméra, de retracer leurs luttes, celles d’hier et celles d’aujourd’hui.
J’avais aussi retrouvé dans l’exil poussiéreux où elles avaient été volontairement oubliées, les images d’archive de ces femmes lorsqu’elles risquaient leur vie pour la libération du pays, lorsqu’elles construisaient leurs folles espérances aux lendemains de l’indépendance, lorsqu’elles faisaient barrage de leur volonté aux projets scélérats d’enfermement, de mise en tutelle par le code de la famille.
Djamila Sahraoui
Sdiga Brahim Dauger
Je ne sais pas exactement en quelle année je suis née. Je sais que c’est au début des années soixante dix. Ma mère m’a dit que c’était par une nuit pluvieuse, sous une « bénia », tante sahraouie en tissus légers utilisée par les jeunes mariés pour camper dans la « badia ».
Mais une chose dont je suis sûre, c’est que je suis une sahraouie !
En octobre 1979, lors des bombardements de Smara par l’armée marocaine, ma famille et beaucoup d’autres familles sahraouies, ont dû fuir au milieu de la nuit sous les bombes et les balles en abandonnant maisons et biens...
Avec l’aide du Front Populaire de Libération de Saguiat el Ramra et Rio de Oro (Front Polisario), nous avons atteint les campements de réfugiés implantés par le HCR près de Tindouf en Algérie en 1975, année de l’invasion de notre pays, le Sahara occidental, par la Mauritanie et le Maroc...
Dès le début de l’exil, beaucoup de pays, dont Cuba, ont offert leur aide aux réfugiés. Cuba n’ayant pas les moyens de fournir une aide matérielle ou financière, a proposé au Front Polisario de prendre en charge la scolarité secondaire et supérieure d’enfants sahraouis. En 1982, ma famille a accepté la séparation et j’ai été accueillie à Cuba avec un très grand nombre d’autres enfants des campements...
A La fin de mes études supérieures en 1994, je suis rentrée dans les campements de réfugiés où j’ai vraiment découvert avec des yeux d’adulte les conditions terribles faites aux miens.
Fadéla M’Rabet
Née à Skikda (Algérie), Fadéla M’Rabet a été l’une des premières féministes dans son pays. A la suite de deux livres retentissants, La femme algérienne et Les Algériennes (1965-1967, Maspero), qui dénoncent la condition de la femme et la dictature du parti unique, elle a dû quitter l’Algérie en 1971 pour Paris. Elle a publié depuis des livres autobiographiques qui, par delà l’auteur, mettent en lumière des aspects de la vie dans l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui.
Docteur en biologie, elle a été maître de conférence, praticien des hôpitaux à Broussais-Hôtel-Dieu, Paris.
En 1965, - le propos n’a pas pris une ride depuis tant il reste d’actualité -, Fadéla M’ Rabet écrivait en conclusion de « La Femme algérienne » : Il en est de la libération des femmes comme de l’indépendance nationale : elle s’arrache. Les colonisés, les prolétaires qui se sont libérés ces dernières décennies, ne doivent qu’à eux-mêmes leur salut ; c’est grâce à leurs luttes que les femmes, ailleurs, ont conquis la plupart de leurs droits.
Faiza Tellissi
J’ai fait mes études de droit à la faculté d’Aix en Provence avant de retourner à Tunis pour obtenir un Mastère en Droit de l’environnement et de l’aménagement du territoire à la Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales de Tunis.
Apres mon inscription au barreau de Tunis en qualité d’Avocate, j’ai décidé de m’orienter vers une carrière en entreprise à Paris où je suis actuellement installée.
J’ai vécu la révolution tunisienne entre Tunis et Paris et j’ai choisi de militer auprès du Pôle Démocratique Moderniste (Coalition politique tunisienne, mise en place pour les élections de l’assemblée constituante du 23 octobre 2011 et regroupant quatre partis et cinq initiatives citoyennes)