"Un enfant dans la foule" de Gérard Blain le 13 janvier à Ester 20h30 en présence de Paul Blain
Article mis en ligne le 26 décembre 2021

par Webmestre

Fiction France 1976 1 h 25

Avec : Jean-François Cimino, César Chauveau, Annie Kovaks…

En 1937 et pendant l’Occupation, le portrait d’un enfant mal aimé et solitaire en lutte contre un monde qui l’a exclu dès le départ.

« Je n’ai vécu aucune scène d’Un enfant dans la foule. Mais j’ai vécu chacune des émotions du film. » Gérard Blain

« J’essaie de faire en sorte que chaque élément de ma mise en scène soit riche de sens et de vérité. Pour cela, je ne peux travailler qu’avec un matériau concret, réel, c’est-à-dire avec des êtres vivants, réels. Je ne puis mieux me faire comprendre qu’en citant cette réflexion de Dovjenko : Il ne faut pas avoir peur des gens qui ne sont pas des acteurs professionnels. Il faut bien se souvenir que chaque homme peut se jouer parfaitement lui-même pour l’écran au moins une fois dans sa vie. »

« Je ne sais pas si mon écriture est moderne, tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’est pas possible de filmer autrement. Quant à mes sujets, c’est vrai qu’ils sont toujours à la limite du mélodrame. Ce petit côté veillée des chaumières peut paraître banal. Disons alors que c’est justement cette banalité qui m’intéresse dans la mesure où elle ramène l’homme à l’individu »
Gérard Blain

Des avis :

1- Dans « Le cinématographe selon Gérard Blain »

« Avec son troisième long métrage, Blain unit la finesse des Amis à la dureté du Pélican dans la chronique sans espoir d’une enfance de guerre. Un enfant dans la foule sera non seulement l’une de ses œuvres les plus accomplies, assurément la plus radicale dans ses choix, mais surtout la clef de son cinéma, sans doute parce qu’y est adopté un point de vue d’enfance. Une enfance transie dans la nuit froide de l’absence d’amour. Le long sanglot qui perce le générique est détresse première, indicible, infinie. Que pourrait la parole contre ce silence écorché ? Le corps en pleurs gardera la cicatrice de son déchirement…"

2- De Paul Vecchiali

« Un enfant dans la foule, c’est le vrai regard de l’enfance qui, au-delà des conjonctures, se porte sur l’essentiel, laissant en coulisses, c’est-à-dire aux adultes, tout ce qui est spectaculaire ou événementiel… L’émotion ne vient pas de ce que l’on voit sur l’écran : elle vient, plus secrètement, de cette somme de regards droits, de cette rigueur inébranlable avec laquelle Blain nous conduit par la main, côte à côte avec son héros. Par son obstination à ne pas emprunter les voies royales du prestige ou du succès commercial, Gérard Blain s’est découvert une manière personnelle, cohérente et efficace, qui le met désormais au premier rang des cinéastes français exigeants. »

3- Dans « Cinéma 76 » Jean-Loup Passek à propos du Festival de Cannes 1976

"Il fallait entendre les spectateurs s’étonner de la modestie, de la sagesse, de la pondération narrative d’ Un enfant dans la foule alors que ce film est tout sauf sage, tout sauf pondéré. Qu’il s’agit d’un cri de rage…Blain, c’est du Bresson si celui-ci avait du cœur. Et Blain c’est aussi une voix dérangeante dans le désert du cinéma français. La tendresse ce n’est pas un sucre d’orge. Et si ses films tournent autour d’un thème unique (la recherche d’une communication affective) c’est tout simplement parce que Blain est obsédé par ce thème-là. Et on n’a pas le droit de minimiser l’importance d’une telle obsession même si celle-ci paraît feutrée par rapport à d’autres revendications plus tonitruantes et plus hypocritement « engagées ». Si le cinéma français n’a pas été totalement effacé (une habitude à Cannes) c’est à Gérard Blain qu’il le doit et à lui seul"

4- De Jacques Frenais dans "Cinéma 78"

« Il n’y a aucune pudeur chez Blain, malgré ce qu’on en a pu dire. Il est au contraire constamment indécent. Car l’indécence, plus que se raconter, c’est se présenter avec ses exigences, ne pas composer avec les convenances-qui neutralisent, justement, c’est accepter d’humilier ou de contempler, c’est-à-dite, en tout cas, d’aimer. Premier principe pour aimer regarder un film de Blain : il faut être capable d’immodestie et d’indiscrétion. Il n’y a non plus aucune prudence chez Blain. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles il n’est pas un cinéaste racoleur. »