"De bruit et de fureur" Jean-Claude Brisseau le 10 février au Lido à 20h30
Article mis en ligne le 21 janvier 2022

par Webmestre

Présentation/Débat : Gaël Teicher, producteur, éditeur

France 1988 95 mm

Avec  : Bruno Cremer, François Négret, Vincent Gasperitsch, Fabienne Babe, María Luisa García…

Scénario  : Jean-Claude Brisseau Prix du meilleur scénario en avril 1986. Mais en juillet 1986, la Commission pour l’emploi d’enfants dans le spectacle décide de l’interdiction du tournage du film qui ne pourra être réalisé que 2 ans plus tard et sera soumis, à sa sortie, à une interdiction aux moins de 18 ans.

Prix de la jeunesse et Prix Perspective du cinéma français au Festival de Cannes 1988

Synopsis :

Le film raconte l’aventure initiatique d’un jeune adolescent, Bruno, qui vient habiter à Bagnolet et qui se retrouve confronté, par le biais d’une amitié avec Jean-Roger, autre adolescent du quartier, à un tissu social en pleine décomposition : violence, délinquance précoce, échec scolaire, parents irresponsables

Avis :

« Impossible d’oublier De bruit et de fureur. Que vous l’ayez découvert à sa sortie en 1988 ou que vous vous apprêtiez seulement à le voir aujourd’hui, le film de Brisseau constitue une expérience de cinéma forte, âpre, à la fois déplaisante et absolument fascinante – un film qui marque, et que l’on n’oublie pas. Aussi, si l’on peut vous donner un conseil, préparez-vous. Préparez-vous à être hanté pour longtemps par la fébrilité et la détresse de chien fou dans le regard de François Négret, préparez-vous à vous sentir, dégouté, révolté, mais également ému au regard de la trajectoire du petit Bruno (impeccable Vincent Gasperitsch), à ce salut qui semblait si proche mais ne s’avèrera au final qu’une illusion tragique. Préparez-vous à pleurer, mais aussi à rire – de ce rire un peu nerveux qui vous surprend quand vous êtes foncièrement mal à l’aise. Préparez-vous à entendre les propos les plus justes sortir de la bouche des pires ordures. Préparez-vous à être impressionné par le charisme et la puissance animale du jeu de Bruno Cremer, littéralement époustouflant ; préparez-vous à être transporté également, par la beauté picturale de certains plans, magnifiés par la photo éblouissante de Romain Winding. Et préparez-vous à vous lamenter sur le sort de la France qui déjà il y a trente ans laissait se creuser le fossé des inégalités sociales qui mèneront un jour ou l’autre à l’implosion. Bref, préparez-vous, car De bruit et de fureur, on n’en sort pas indemne. »

Mickaël Lanoye Critique-films.fr 6 septembre 2019

« Brisseau est le cinéaste des paradoxes. Peintre de la violence la plus sauvage, il est aussi celui de la tendresse. On ne peut s’empêcher de penser que le gamin de De bruit et de fureur aurait pu avoir une toute autre destinée s’il s’était laissé porter par l’affection de sa jeune professeure. Ce gamin aux rêves bleus de fées nocturnes vaporeuses dans leurs voiles entrouverts. Car voilà bien un autre trait de ce cinéma de la violence : l’acceptation des rêves, du fantastique…C’est qu’aucune lecture unilatérale ne peut être faite de ses films. Et surtout pas celle qui conduisit à l’accusation de sexisme faite peu avant sa mort…Oui le sexe est présent dans tous ses films mais non pas du point de vue du dominant : les hommes y sont aussi fragiles que les femmes. C’est par là d’abord, par ces contradictions qui le travaillent, que Brisseau est un grand cinéaste »

Emile Breton L’Humanité septembre 2019