10 octobre Cinéma Le Lido 20h30
Les Camarades
Article mis en ligne le 29 septembre 2008
dernière modification le 5 octobre 2008

Un film de Mario MONICELLI

Italie 1963 2h Fiction

Scénario et dialogues : Age et Scarpelli, Mario Monicelli

Avec : Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Bernard Blier, Folco Lulli, François Perrier, Annie Girardot...

Les Camarades, c’est l’histoire de la première grève ouvrière au début de l’industrialisation de l’Italie, dans une usine de tissage à Turin. Monicelli colle au plus près de la réalité sociale, avec une belle reconstitution en noir et blanc qui évoque les documents d’époque. Le film est d’une extrême sobriété, sans les effets romanesques trop souvent inhérents à ce genre de fiction. Et, bien qu’il soit l’histoire d’une prise de conscience collective, il échappe aussi au didactisme du cinéma politique. Les intellectuels - l’instituteur et Giuseppe, le militant socialiste - y sont d’ailleurs quelque peu malmenés et tournés en ridicule, Monicelli retrouvant, à l’occasion, le ton de la comédie qui lui est habituel. En fait, ce que le cinéaste cherche à éviter, c’est de créer des héros sans failles. Tous ont leurs faiblesses, et même si, dans la seconde partie du film, le centre d’intérêt se déplace peu à peu vers Giuseppe, il n’en fait pas le héros révolutionnaire, pur et dur, que l’on pourrait attendre. Ce sont des hommes qu’il nous montre, avec leurs faiblesses et leur grandeur d’âme, et c’est aussi de là que le film tire sa force.

Fresque sociale ne perdant jamais de vue les fortes individualités des personnages, film à la fois bouleversant et drôle sans trace de pathos ni de caricature, œuvre engagée sans didactisme militant, coproduction multi-vedettes préservant miraculeusement son homogénéité, « Les Camarades » n’a pas vieilli. Monicelli, dans sa réussite, doit énormément à ses coscénaristes Age et Scarpelli (pour le mélange des genres), à son chef-opérateur Rotunno (pour ses brumes et ses contrastes), à son décorateur Garbuglia, collaborateur habituel de Visconti (pour son étonnante reconstitution), ainsi qu’à l’ensemble de la distribution, inoubliable jusqu’aux rôles les plus infimes...
N.T.Binh

MARIO MONICELLI

Né en 1915, Mario Monicelli a fait des études d’histoire et de philosophie. Après avoir travaillé comme assistant et scénariste, il co-réalise avec Steno une série de films très populaires dans lesquels ils dirigent le grand Toto. En 1953, il met en scène son premier film seul Toto e Carolina. En 1958, Le Pigeon remporte un succès mondial et s’impose comme un film charnière alliant la tradition néo-réaliste à la farce populaire...

On observe chez Monicelli deux tendances : celle directement comique et celle évoquant les grands événements historiques comme la guerre (La Grande Guerre, fresque démythifiant la Première Guerre Mondiale), le Moyen Age (l’Armée Brancaleone) ou les problèmes sociaux (Les Camarades). Avec toujours cette distance humoristique et cette verve qui caractérisent l’orientation du cinéma italien de l’époque. Qu’il aborde la farce politique (nous voulons tous les colonels), la satire de meurs (romances et confidences), la loufoquerie teintée de nostalgie (Rosy la bourrasque), son œuvre bigarrée laissa apparaître une cohérence aussi bien esthétique qu’idéologique...

Il a souvent mis en scène des êtres simples, dépourvus et écrasés par les événements, tentant de survivre au sein d’un monde sans pitié. Pour Monicelli, la vie est une farce cruelle que seul le rire permet de déjouer, en laissant un sentiment d’amertume


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