France/Algérie fiction 2011 28mn
Avec Laëtitia Eido, Mehdi Ramdani...
Prix SACD et ACSE au Festival International du Court-métrage
de Clermont- Ferrand 2012
Dans l’Alger d’aujourd’hui, où tout sent la déliquescence, une jeune femme belle et libre peut-elle être considérée autrement que comme une prostituée ? Et que faire, face à « un violeur défaillant » ? Fiction à la limite du documentaire, court-métrage qui laisse une empreinte plus forte que bien des longs-métrages, chute de l’histoire aussi intéressante que peu prévisible : une grande réussite que ce premier film franco-algérien.
Martine Delahaye Le Monde 29/30 janvier 2012
En 30 minutes, Sofia Djama brosse de son pays un constat désespérant. Et l’histoire de ce viol manqué est une métaphore de la société algérienne. « L’Algérie est un ventre mou qui n’enfante plus que l’inertie » jette rageusement Myassa au fonctionnaire de police auprès de qui elle est venue porter plainte. Alors, s’interroge Sofia Djama : « Comment bander pour ce pays si les hommes ne bandent pas ? ». Tout le monde a baissé les bras et on se cache derrière la religion. La frustration est partout, en particulier chez les jeunes condamnés au chômage et dont les relations avec les femmes ne passent que par la violence. Une agressivité qui se trompe de cible et les femmes vivent de plus en plus dans un climat délétère où elles sont constamment insultées, méprisées, humiliées. Myassa, elle, veut exister dans cet espace en tant que femme libre et indépendante. Mais sa résistance ne peut que se heurter aux blocages d’une société verrouillée de toutes parts. D’où cette phrase terrible sur laquelle se termine le film : « A ces instants d’éternité qui nous broient »
Sofia Djama, jeune réalisatrice algérienne, a tourné son film à Alger en juin 2011 avec une équipe en majorité algérienne mais n’a bénéficié d’aucune aide de l’Algérie. Elle avait déjà réalisé en 2009 un court métrage : Les 100 pas de Monsieur X.
« Je ne parle pas de cette Alger la blanche que l’on voit dans les cartes postales mais plutôt des peines et de l’étouffement de sa population. Rien ne fonctionne comme il se doit dans cette ville si on avait à examiner en profondeur le quotidien des gens...Ce n’est pas un film sur le viol ni un film féministe. Le viol est juste un prétexte pour dénoncer le malaise et la détresse de notre société. En fait, tous les personnages du film, victimes ou bourreaux, sont pris en otage d’une pression. »