Le 18 janvier, Paul Vecchiali , cinéaste, écrivain, critique, producteur, acteur, s’est éteint et avec lui, c’est toute une manière de penser, de défendre, de vivre le cinéma qui disparaît. C’est d’autant plus difficile pour nous d’accepter cette disparition que, début janvier, il nous parlait au téléphone de son désir, toujours vivace, de continuer à produire et réaliser ses films si singuliers.
Il était venu à la rencontre des lycéens de Pagnol en 1995 pour présenter « Le café des Jules », son film sous le bras et depuis, nous lui étions restés fidèles. Cinéaste hors mode, hors normes, capable d’oser aller au plus profond de l’émotion. Trop intransigeant, la révolte chevillée au corps, au point d’essuyer un nombre record de refus de l’Avance sur recettes, sensée soutenir la création indépendante (48 refus entre 1985 et 2014 !). Il avait coutume de dire qu’il n’était pas dans la marge puisqu’il n’était même pas dans le cahier ! Il avait créé sa propre maison de production, une vraie famille où il avait mis le pied à l’étrier des Jean-Claude Guiguet, Marie-Claude Treilhou, Jacques Davila…
Il savait faire naître une émotion avec l’air de ne pas y toucher. Comme il savait ménager ces moments d’humour, jaillissant là où on ne les attendait pas. Comme il savait filmer en amoureux ses comédiennes pour leur faire la part belle, à commencer par Danielle Darrieux, son égérie. Il savait nous dire que l’on peut mourir d’amour aujourd’hui et c’était beau à pleurer.
Merci Paul d’avoir gardé jusqu’au bout ta jeunesse, ton audace, ta liberté. D’être resté Irrécupérable.